Le mot du Directeur

À l’adresse de nos spectateurs et partenaires, un mot de la part de Julien Poncet, Directeur du théâtre.

Chers spectateurs, chers partenaires,

Nous espérons que vous n’êtes pas trop impactés par cette crise sanitaire, que vos proches et vous-même n’avez pas à souffrir exagérément de la situation, que vous êtes en sécurité et que vous portez, comme nous, l’espoir d’une amélioration en chemin.
Cette situation inédite nous a tous bousculés et plongés dans les doutes ou les remises en question, mais je crois que nous aspirons par-dessus tout à revenir au plus vite tous ensemble dans le monde d’après. L’impact mondial s’est bien sûr fait ressentir jusque dans les murs de notre théâtre, déserté depuis plusieurs semaines.

Quelle tristesse un théâtre vide… Mais si vous aviez la chance d’y pénétrer en ce moment, sachez qu’on peut y trouver un grand réconfort à travers l’écho de vos milliers de passages, de vos rires, de vos émotions lâchées, et aussi en écoutant les voix qui résonnent encore au bar, dans les loges et sur la scène.
En prêtant attention, on peut entendre encore Andréa Bescond qui nous avait tant émus avec ses “Chatouilles”, Éric Bouvron et Khalid K qui nous avaient entraînés dans un tourbillon onirique avec “Les Cavaliers”, Olivier Sauton hilarant et émouvant en Fabrice Luchini, ou Nicolas Devort prodiguant son cours de théâtre “Dans la peau de Cyrano”.
On peut entendre aussi les notes emmêlées de tous ces musiciens et chanteurs venus les dimanches, de San Severino à Suzane, et tous ceux qui ont convoqué la poésie dans la chanson. Certains entendront les cascades de rires provoqués par nos artistes depuis l’ouverture du théâtre, il est très facile en fermant les yeux de revoir les grandes comédies et nos artistes lyonnais sublimant le rythme et le jeu.
On se surprend encore à rire seuls de leurs facéties et de leur audace.
On se souvient aussi de ces milliers d’enfants émerveillés par les fées, les sorcières et les princesses. Puis on rit à nouveau en convoquant la pléiade des humoristes de renom et le délire des Chiche Capon, dont l’absurde prémonitoire touchait au réel. Nous sommes tous des Chiche Capon en confinement ! Et puis le frisson des créations, le souvenir de ces angoisses partagées avec les auteurs lyonnais et les équipes fébriles : est-ce que notre spectacle va plaire ? Sentir encore l’odeur de l’adrénaline, sentir encore la puissance que donne la confiance ou la générosité de talents exceptionnels comme celui d’Alexis Michalik ou de Philippe Caubère.

Depuis 4 ans, nous n’avons rien oublié des 250 spectacles que nous vous avons proposé et de votre accueil exceptionnel de chaleur et d’humanité. Ils ont nourri notre passion démentiellement frustrée en ce moment.

« Nous portons une histoire », et se sentir utiles, pour nous, c’est de continuer à vous la raconter, c’est se retrouver bientôt avec vous, « confinés » une heure ou deux dans un théâtre, pour partager un moment privilégié, qui nous fera du bien, qui nous fera vivre de fortes émotions, une grande évasion, puis qui nous accompagnera dans notre vie d’après.
Dans le « nouveau monde » nos gestes seront encore plus engagés que lorsque nous montions “Les Naufragés” avec Emmanuel Meirieu.

Nous avons dû à ce jour, reporter, annuler, remettre, faire et défaire, sans réellement savoir, quand et comment. Il n’est à ce jour que peu de certitudes. Toute l’équipe du théâtre est au chômage partiel ou total, les artistes observent d’encore plus près, si cela était possible, leur statut précaire, et tous, sur ce radeau fragile qu’est devenu notre entreprise, nous tentons de garder le cap, et voguons vers les rives de septembre. Tant mieux si nous arrivons plus tôt…
Mais l’horizon est encore loin. Accoster, c’est d’abord affronter la traversée.
Nous sommes au milieu du gué, nous savons que notre bateau prend l’eau de toute part, et nous écopons. Nous tentons de colmater les brèches mais sûr de la force que nous injecte la passion, nous nous refusons à être inquiets ou plaintifs. La douleur est ailleurs en ce moment.
Il nous faut penser avec beaucoup de solidarité. Cette solidarité, nous voulons en faire preuve, en pensant d’abords à tous ceux pour qui cela est difficile, et ensuite à tous nos confrères qui annulent leurs événements aussi, puis à tout notre quartier désert de sa vie si joyeuse.
Nous savons tous dorénavant qu’un euro dépensé dans la culture ruisselle de toute part et génère une économie bien supérieure. De solidarité, nous allons en avoir besoin. Les dispositions de l’état et des collectivités nous aident déjà, elles devront sans doute nous aider plus, mais elles doivent aider tout le monde.

En effet, ce qui se dégage de particulier aussi lorsque l’on vient au Théâtre Comédie Odéon, c’est le parfum de liberté que nous diffusons à travers nos créations, la décontraction et le professionnalisme des équipes. Nous l’avons fait jusque-là seulement grâce à vous, nos spectateurs, grâce à vous, nos partenaires.
En effet, notre théâtre ne vit que du fruit de la billetterie, que de sa fréquentation, que de la volonté des entreprises de venir se réunir parfois en journée chez nous.
Vous êtes notre seule ressource, et c’est cet échange si stimulant, qui repose sur la confiance que vous nous accordez, qui nous pousse à toujours relever notre exigence et porter le travail à son maximum. Ces ressources sont aujourd’hui taries. Cela est bien compréhensible, il est d’autres choses à penser en ce moment.

Mais si vous croyez que la vie reprendra, si vous croyez que les artistes qui accompagnent le confinement et le magma du monde pour nous le rendre digeste seront encore des frères, vous pouvez dès aujourd’hui nous rendre service. Pour cela plusieurs manières : continuer à nous suivre, laisser le fruit de vos places dans l’escarcelle du théâtre (toute place non remboursée donnera lieu à un avoir), où même acheter des places pour la rentrée, pour vous, pour offrir.

En effet, sur l’autre rive, sont postés des artistes incroyables qui n’ont que hâte de vous retrouver, de vous épater.
À la rentrée, vous pourrez retrouver “Les Sentinelles” de Jacques Chambon, puis Patrick Timsit viendra jouer durant 3 semaines sont dernier et nouveau spectacle qui traite de ses adieux, peut être… ! Son œil acerbe et drôle saura nous faire le plus grand bien. Philippe Caubère, véritable légende vivante du théâtre contemporain, viendra lui créer son nouvel opus en interprétant les incroyables “Lettre de mon Moulin” d’Alphonse Daudet, et Alexis Michalik, dont vous aviez plébiscité “Le Porteur d’Histoire”, viendra remonter avec nos comédiens Lyonnais “Intramuros”, son autre pièce au succès tout aussi exceptionnel. Nous vous promettons également de belles comédies et de belles surprises bien troussées pour rire encore, car nos rires sont des trésors précieux.

C’est vous, spectateurs, qui tenez notre avenir entre vos mains, si certains parmi vous souhaitent s’engager au plus près pour nous soutenir, vous pouvez nous contacter.
Vous pouvez également nous suivre sur nos différents réseaux sociaux où vous pourrez découvrir pendant toute cette période, des vidéos d’artistes confinés, des interviews, des spectacles…

À très vite, prenez grand soin de vous.
Julien Poncet, Directeur du théâtre